Shima Seiki jette son dévolu sur la mode durable

Jun 15, 2023

Légers, flexibles, ajustés et confortables, les tricots produits sur les machines Wholegarment sont appelés « seconde peau ». Insérez simplement le fil dans une machine Wholegarment et, en 30 minutes environ, vous obtiendrez un pull.

Tricots sortant d'une machine Wholegarment. (Photo fournie par Shima Seiki)

Le fondateur de l'entreprise, Shima Masahiro, 86 ans, est né en 1937 dans la ville de Wakayama, au sud-ouest d'Osaka. Wakayama est bien connu pour être le lieu de naissance de nombreux shoguns du shogunat Tokugawa qui dirigea le Japon pendant la période Edo (1603-1868). Cependant, de nos jours, Wakayama est une ville régionale endormie, en proie à une population en diminution.

En juillet 1945, dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Wakayama fut entièrement incendiée par une campagne de bombardements américains qui tua environ 1 100 personnes. Ayant à peine réussi à s'en sortir, Masahiro s'est retrouvé avec ses grands-parents, sa mère et sa sœur dans les ruines carbonisées de sa maison familiale. Le père de Masahiro, envoyé sur le front sud, est mort pendant la guerre.

« J'étais vraiment motivé : je sentais que je devais sortir moi-même de cette situation. Même si vous n’avez rien, vous pouvez toujours créer une situation si vous êtes intelligent », explique Masahiro.

Shima Masahiro, PDG de Shima Seiki

Masahiro vivait à côté d'un atelier qui réparait des machines à tricoter des gants. Il a commencé à y travailler et, ce faisant, ses talents se sont épanouis. À l'âge de 16 ans, Masahiro a inventé une machine à coudre qui permettait de fabriquer des gants avec moins de main d'œuvre. Il fonde ensuite Shima Seiki en 1962, qui se développe grâce au succès de sa machine automatique à tricoter des gants.

L'usine Shima Seiki en 1978. (Photo fournie par Shima Seiki)

Le point culminant de la technologie des machines à tricoter de Shima Seiki, sa machine à tricoter rectiligne Wholegarment, a fait ses débuts internationaux lors de l'exposition de l'Association internationale des machines textiles en 1995 à Milan. Les participants ont fait l’éloge de la machine, qui pouvait tricoter un pull en 30 minutes une fois les données pertinentes insérées, la qualifiant de « magie venue d’Asie ». La machine Wholegarment a ensuite subi des améliorations d'aiguilles et d'autres mises à niveau, et 13 000 machines ont été fabriquées de 1998 à 2022. Près de 80 % d'entre elles ont été exportées, les cinq principaux importateurs étant l'Italie, Hong Kong, le Vietnam, la Corée du Sud et l'Espagne.

Le Wholegarment était le chouchou de cette exposition textile de 1995 à Milan. (Photo fournie par Shima Seiki)

Lors de ma visite au siège de Shima Seiki, on m'a montré la dernière machine Wholegarment, la SWG-XR. En forme de piano, le SWG-XR mesure 3 mètres de diamètre et pèse 1,4 tonne. À l’intérieur du Wholegarment se trouvent quatre têtes d’aiguilles, chacune abritant 3 600 aiguilles coulissantes. Ajoutez simplement du fil et la machine tricotera des vêtements complets en utilisant un processus capable de gérer des motifs et des designs complexes. Parce que les vêtements produits sont sans coutures, ils ne sont pas rigides et s’adaptent exceptionnellement bien à ceux qui les portent. En utilisant du fil très absorbant et élastique, il est également possible d'utiliser le Wholegarment pour tricoter des vêtements de sport. En fait, les vêtements de sport tricotés sur Wholegarment ont été portés par des astronautes de la Station spatiale internationale. Selon le site Internet de Shima Seiki, la ligne Wholegarment est actuellement utilisée par 25 marques de mode, dont Uniqlo.

« Le site Web répertorie uniquement les clients qui nous ont autorisé à utiliser leur nom », explique Shima Mitsuhiro, le fils de Masahiro et actuel PDG de l'entreprise.

En fait, de nombreuses autres marques de mode, dont certaines de renommée internationale, tricotent leurs vêtements sur des machines Wholegarment.

La créativité de Shima Seiki ne s'arrête pas aux machines à tricoter. L'entreprise produit un système de conception graphique de mode considéré par de nombreux utilisateurs comme étant largement supérieur à ceux de ses concurrents. Le système, qui permet de visualiser des échantillons de vêtements en trois dimensions, est une idée originale du PDG actuel.

Dans l’industrie de la mode, la production d’échantillons avant que la conception du vêtement ne soit finalisée est un processus important. Sur la base des croquis du designer, les tissus, les couleurs et les motifs doivent être sélectionnés et des échantillons créés. Chaque fois que le créateur demande qu'un ourlet soit relevé d'un centimètre ou qu'une couleur soit modifiée, l'usine doit produire un nouvel échantillon. On dit que le coût de production de ces échantillons représente 20% du coût total de fabrication des vêtements. Les usines doivent supporter rejet après rejet.